Antoine Casel est médecin et peintre. Sa malchance est de ne pas avoir assez de temps pour la peinture. Sa chance est de ne surtout pas en avoir à perdre. Pas de place pour la lassitude, la monotonie, la quête d’une définition précise. Ses heures précieuses sont animées par le plaisir de créer de ses mains. La solitude de l’atelier le grise, il n’a rien à justifier, il peint.
Ce sont les tableaux des autres qui lui ont donné l’envie de peindre. Ces objets accrochés sur les murs le fascinent. Comment un petit bout de toile coloré peut-il suggérer autant d’attraction, attarder nos regards, toucher nos émotions ? L’énergie de peindre lui vient de tous ces tableaux déjà réalisés. Et sans doute aussi de ce souvenir d’enfance ; la visite chez un peintre, ami de sa grand-mère. Il avait été subjugué par son atelier, cette pièce génialement encombrée de tubes de couleurs, jonchée de piles de toiles. Et peut-être aussi de l’exemple de son père tenant un pinceau et lui apprenant l’aquarelle. Peindre était donc possible !
Antoine continue d’apprendre à dessiner. Il aime progresser dans la difficulté. Pour lui, plus on maîtrise le dessin, mieux on peut le détourner. La peinture demande de la technique et la technique rend libre. Il peint le soir après avoir quitté ses patients et retrouvé ses enfants. Une peinture d’atelier : depuis qu’il vit en maison, c’est plus facile. Il s’inspire des croquis et des aquarelles esquissés pendant les vacances. Le dessin sous les yeux, détaché de son sujet, il fait danser les couleurs. L’artiste joue avec la répétition du motif, la peinture en série l’amuse. Il suffit d’accorder autrement, le fond, les tons, le trait. Et faire apparaître de nouveaux intérêts. Les toiles ne sont jamais les mêmes, elles se renouvellent.
Antoine Casel aime quand ses tableaux l’emmènent là où il n’avait pas prévu d’aller. Pour lui, une toile est réussie quand le regard ne se lasse pas de s’y poser, continue d’être attiré. Un tableau achevé, c’est celui qui n’est plus à réfléchir, devant on s’y sent bien, il n’a rien à ajouter. Certains demandent du temps. Le peintre les pose dans un coin, les regarde, passe régulièrement devant et cherche les déséquilibres. Parfois, il les prend en photo et les observe pendant les creux du boulot. Quand il revient à l’atelier, il sait ce qu’il souhaite ajouter, transformer, retirer, il a réfléchi les harmonies. Antoine Casel est un artiste libre, que ce soit via la photo, le dessin ou la peinture, il compose avec la nature, le plaisir de créer.
Charlotte Boutte@ Humanoscope